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Constat d’échec

Editorial La Presse

S’il est communément admis que les partis politiques sont à l’image de leurs acteurs, le paysage politique est aujourd’hui confronté à deux problèmes majeurs qui sont autant de motifs d’inquiétude : une identité évanescente et un déficit de crédibilité. Il est vrai que le manque de confiance est avant tout un manque de fiabilité. D’ailleurs, l’on ne cessera jamais de le répéter: la plupart des partis politiques suscitent davantage d’interrogations qu’ils n’apportent de solutions au moment où le pays en a pourtant plus que jamais besoin. Ce qui paraissait au lendemain de la Révolution comme un motif d’espoir éclatant s’est transformé en échec sans appel. C’est la perte non seulement du cap symbolique, mais aussi d’alternatives susceptibles de faire avancer les choses.

Sur fond d’anarchie et de désordre, le parcours d’un bon nombre de partis et de regroupements politiques est toujours sujet aux différents renversements. Ce qui se conçoit aujourd’hui rappelle les dérapages et les débrayages qui n’en finissent pas. En proie à toutes les dérives, emportés, comme toujours, par la révélation de démons intérieurs, qui ont pour noms indifférence et insouciance face aux attentes et aux besoins des Tunisiens, le désaveu de ces partis est à la fois inévitable et injustifiable. Un désaveu  qui désespère même et de plus en plus leurs plus proches adhérents et à travers lequel l’absence de réflexe a remplacé la réflexion.

Par leurs discours, prises de position, ou autres attitudes, ils ont participé au développement d’un malaise politique inédit. Nous sommes conscients de la pression qui pèse sur certains partis et qui est peut- être à l’origine d’une incapacité évidente d’adaptation. Mais cela ne peut en aucun cas constituer une excuse à certains comportements.

Au lieu d’être porteuse d’images et de valeurs pour toutes les composantes du paysage politique, une  bonne partie de la classe politique a failli à son devoir. Une situation où l’on découvre et redécouvre la fragilité de ceux et de celles qui se sont accrochés avant tout aux intérêts partisans et personnels.

Il n’est pas question ici de suivre le courant des hostilités de l’opinion publique, ponctuées de jugements et d’appréhensions défavorables, voire nuisibles à l’image de certains. Simplement, des partis politiques ne peuvent plus aujourd’hui continuer à se revendiquer dans les conditions actuelles. Le sentiment d’être perçu comme défaillant est devenu insupportable. Le Tunisien n’attend plus aujourd’hui grand-chose de la classe politique. C’est évidemment frustrant pour ceux qui voyaient pourtant certains partis comme une alternative à tout ce qui a manqué au pays dans le passé. Mais le cas est si révélateur qu’on ne peut plus accepter leur inaptitude  et leur impuissance, notamment face aux exigences du moment. 

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Un commentaire

  1. Taïeb Brahim

    29 décembre 2021 à 20:51

    Votre constat est juste et l’analyse de l’état des lieux de tous les partis et groupuscules est pertinente. Mais il faut bien reconnaître que les mesures prises par le chef de l’État en juillet et septembre ont été sources d’espoir et de désarroi à la fois. Rien de vraiment tangible pour redorer l’image des hommes politiques et encore moins pour sortir le pays du marasme économique, financier et social. Le Président, à force de jouer en solo contre la montre, a manqué de discernement.

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